Cactus d’or 2024 : Temu, Nestlé et Stellantis lauréats de 60 millions de consommateurs
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C’est la huitième édition des cactus d’or de 60 millions de consommateurs. Et cette année, c’est Temu qui devient le champion toutes catégories de cette année 2024. Avec les autres lauréats, il s’est distingué par la mise en cause de la santé et de la sécurité de ses clients. Pour cette nouvelle édition des Cactus de la consommation qui épinglent les mauvaises pratiques, il y a au total neuf enseignes qui se distinguent bien malgré elles. En plus de Temu sur la première place du podium, les lauréats du Cactus d’or 2024 sont : Nestlé et son eau naturelle, Stellantis et ses airbags, Primagaz, Dazn, Danone, Free, Carrefour Bio et Trustpilot. Pour terminer le petit tour du BeMac de ce 29 décembre, nous fêtons aussi les David.
Dans la vie, il y a toujours des cactus…
Qui ne connait pas la chanson de Jacques Dutronc « Dans la vie, il y a des cactus » ? C’était la chanson dont nous parlions lors des précédentes éditions des « Cactus de la conso » de 60 millions de consommateurs et qui est toujours à l’ordre du jour pour cette 8e édition. Cette année, c’est Temu qui se place sur la première place du podium et qui prend ainsi la place de carrefour qui avait été épinglé l’année dernière pour la shrinkflation de ses sucrines. Du jour au lendemain, une salade sucrine avait ainsi été retirée de son sachet de trois pour conserver le prix plancher de 1 euro.
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Cactus d’or 2024 : Temu et ses prix irrésistibles, mais à quel coût ?
Arrivée en Europe en avril 2023, la gigantesque plateforme en ligne chinoise Temu, séduit avec ses prix cassés et ses livraisons gratuites. Le catalogue déborde de produits variés à des tarifs imbattables, promus grâce à des techniques marketing agressives : comptes à rebours, réductions extrêmes, notifications incessantes, et avis flatteurs. En un an et demi, 92 millions de clients européens ont été conquis par la promesse d’un shopping abordable, avec remboursement sans retour des articles ou ajustement des prix si une baisse survient. Pourtant, selon l’association, derrière cette apparente générosité, les doutes s’installent.
La qualité des produits laisse à désirer : jouets non conformes, cosmétiques sans étiquetage clair, et modes d’emploi exclusivement en chinois. Les Douanes, débordées par les flux en provenance de Chine, peinent à contrôler ces marchandises, souvent non conformes. La rentabilité de Temu soulève également des questions, la plateforme enregistrant des pertes moyennes de 30 $ par commande selon Wired. Plus inquiétant encore, des experts en cybersécurité accusent l’application d’espionnage, ce que Temu dément.
En mars 2024, une controverse éclate sur l’opération « Cash reward », offrant des bons d’achat contre l’exploitation à vie des données personnelles des utilisateurs. Derrière les prix attractifs, l’omniprésence de Temu dans la vie privée de ses clients suscite une inquiétude grandissante. Tout cela fait que le site marchand chinois termine à la première place du podium.
Cactus d’argent 2024 : Nestlé et ses eaux naturelles plus aussi naturelles
À la seconde place du podium, l’on retrouve Nestlé et ses eaux minérales comme Contrex, Hépar et Vittel, qui ne sont pas aussi naturelles qu’elles le prétendent. Selon un rapport de la Répression des fraudes, la marque a utilisé des traitements interdits, tels que des UV et des filtres à charbon actif, pour garantir la « sûreté sanitaire » de ses produits. Bien que Nestlé affirme avoir cessé ces pratiques, elle continue à utiliser la microfiltration, avec l’accord du gouvernement, pour éliminer des contaminants comme les bactéries coliformes et les polluants. Si ces procédés protègent les consommateurs, ils restent non conformes, ce qui soulève la question d’une tromperie déguisée en précaution sanitaire.
Cactus de bronze 2024 : Stellantis et ses airbags défectueux
C’est le cactus de bronze de cette édition 2024, mais le groupe Stellantis aurait sans doute mérité d’avoir le cactus d’or de la mise en danger. Au printemps 2024, plus de 246 000 propriétaires de C3 et DS3 ont été sommés d’arrêter de rouler en raison d’un grave défaut des airbags, susceptible de provoquer des blessures mortelles. Cette annonce a suscité une double inquiétude : le risque latent auquel ils avaient été exposés et l’absence de solutions immédiates, les concessionnaires étant saturés par les demandes de remplacement. Faute de véhicules de prêt suffisants, les propriétaires ont dû continuer à utiliser leurs voitures défectueuses.
Bien que le problème des airbags Takata soit connu depuis 2015, Stellantis a continué à vendre les modèles concernés jusqu’en 2019 sans alerter les acheteurs, malgré des décès survenus outre-mer. Un accident mortel dans les Pyrénées en mai 2024 a finalement déclenché une vaste campagne de rappel, qui concerne désormais d’autres modèles comme les C4, DS4 et DS5. En octobre, Stellantis indiquait avoir réparé 114 000 véhicules, mais 90 000 restaient en attente, révélant l’ampleur d’une crise mal anticipée.
Les autres fiascos de cette année 2024
En dehors des trois enseignes présentes sur le podium, d’autres fiascos marquants ont également retenu l’attention de l’association cette année. Elle souligne des cas emblématiques comme les déboires de Primagaz ou de Dazn, mais aussi des phénomènes plus graves, comme le piratage massif des données personnelles des comptes clients de Free, ou encore la résistance à adopter des outils d’information claire pour les consommateurs, comme le DPE dans l’immobilier, le label Origin’Info, ou le Nutri-Score dans l’alimentation, méritent également d’être mis en lumière. L’on retrouve ainsi aux autres places plusieurs marques de premier plan :
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Cactus de la défaillance : Primagaz avec un hiver glacial pour les clients
Une migration informatique ratée début 2024 a plongé Primagaz et ses clients dans le chaos. Retards de livraison, commandes perdues et facturation en panne ont laissé certains sans chauffage en plein hiver. Si les livraisons ont été rétablies durant l’été, les problèmes de facturation subsistent, avec des montants parfois exorbitants. Primagaz propose des paiements sans frais… via un espace client souvent inaccessible.
Cactus du low cost : Dazn et le rêve brisé des fans de foot
L’abonnement Ligue 1 de Dazn, lancé à 29,99 €, a vite chuté à 19,90 €, sans séduire : seuls 400 000 abonnés à ce jour. La production, jugée low-cost, déçoit : moins de caméras, absence d’émissions avant et après-match, et un rendu inférieur à celui d’Amazon Prime. Pour Romain Molina, journaliste spécialisé, cette offre médiocre trahit les fans, les clubs, et la Ligue elle-même.
Cactus de l’opacité : Danone qui joue à cache-cache avec le Nutri-Score
Danone a discrètement retiré le Nutri-Score de ses yaourts Actimel, Danonino, et autres marques pour éviter des notes dégradées après une nouvelle méthode de calcul. Suivant l’exemple de Bjorg ou Fleury Michon, l’entreprise préfère dissimuler des scores peu flatteurs. La réforme du Nutri-Score, attendue en juin 2024, tarde à être adoptée, laissant Danone gagner du temps.
Cactus de la vulnérabilité : Free et le grand bazar des données volées
En 2024, les vols de données personnelles se multiplient, mais l’attaque contre Free est la plus marquante. Les pirates ont subtilisé 19,1 millions de données personnelles et 5,1 millions de coordonnées bancaires. Pire, Free n’a initialement pas mentionné l’ampleur du vol, révélée quand des échantillons d’IBAN ont été publiés en ligne. Un nouveau coup dur pour la cybersécurité de l’opérateur ( voir : Piratage de Free : 19 millions d’abonnés et 5 millions d’IBAN compromis ).
Cactus de la présence indésirable : Carrefour Bio épinglé pour ses intrus
Carrefour Bio a été épinglé pour des intrus inattendus dans ses produits. En avril, de la mâche contenait un métabolite d’herbicide interdit depuis 2009. Puis, cet été, des traces d’ADN de porc ont été détectées dans des merguez « pur bœuf ». Carrefour invoque des résidus dans le sol et un nettoyage insuffisant, mais la confiance des consommateurs, elle, s’érode.
Cactus du dopage : Trustpilot qui a de la confiance à revendre
Des entreprises peuvent acheter, auprès de Trustpilot, des services pour améliorer artificiellement leur note en sollicitant des avis positifs. Les tarifs varient de quelques milliers à plus de 20 000 € par an, selon la taille de l’entreprise. Une pratique qui rappelle le dopage sportif : les performances élevées suscitent la suspicion.
Retrouvez l’intégralité du dossier des « Cactus d’or 2024 » dans le numéro 609 de janvier 2025 que vous pouvez directement lire en ligne ou commander sur la page « Temu remporte notre Cactus d’or de la consommation 2024 ».
( Temps de lecture : 7 minutes | L’illustration de notre article provient de notre stagiaire Alex.I, avec une illustration symbolisant le cactus d’or de cette année 2024, un cactus un peu bling-bling il faut le reconnaitre. )