Ce jeudi 1er août marque le « Jour du dépassement de la Terre » en 2024
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Plus les années passent et plus le nombre de jours diminue inexorablement, même si par rapport à l’année passée, l’on ne perd qu’une petite journée. À compter de ce jeudi 1er août 2024, nous aurons consommé toutes les ressources que notre planète est capable de produire en une année, l’humanité aura dépensé l’ensemble des ressources que la Terre peut régénérer en un an. Pour calculer le Jour du dépassement, on divise ce que la Terre peut produire par ce que l’humanité consomme, puis on multiplie par le nombre de jours dans une année. Notre planète passe en surrégime à compter de ce mois-ci.
Qu’est-ce que le Jour du dépassement de la Terre ?
Chaque année, une date symbolique marque un tournant alarmant pour notre planète : le Jour du dépassement, également appelé « Jour du dépassement mondial » ( Earth overshoot day en anglais ). Cette date, calculée par le Global Footprint Network, correspond au moment où l’humanité a consommé toutes les ressources naturelles que la Terre peut renouveler en un an. En d’autres termes, c’est le jour où nous avons consommé l’ensemble des ressources naturelles que la Terre aurait normalement pu renouveler en une année, ce qui signifie que pour le reste de l’année, nous puisons dans les réserves écologiques futures. Nous vivons à crédit sur le capital naturel de notre planète.
Le Jour du dépassement est déterminé en comparant la capacité de régénération de la planète (sa « biocapacité ») avec la demande en ressources de l’humanité (son « empreinte écologique »). En divisant ces deux valeurs et en multipliant par 365, on obtient le nombre de jours qu’il a fallu à l’humanité pour épuiser les ressources que la Terre peut renouveler en un an. C’est un peu comme un budget : la Terre a un budget annuel de ressources renouvelables. Le Jour du dépassement, c’est le jour où l’humanité a dépensé tout ce budget. Imaginez la Terre comme un grand compte en banque de ressources naturelles. Le Jour du dépassement, c’est le jour où on a vidé ce compte.
La date du Jour du dépassement de la Terre est annoncée chaque année le 5 juin ( la Journée mondiale de l’environnement dont le thème retenu cette année était : nos terres, notre avenir). Une journée qui est devenue au fil des décennies l’une des plus grandes plateformes mondiales de sensibilisation à l’environnement. L’année 2024 marquera le 30e anniversaire de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification.
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La biocapacité : Qu’est-ce que c’est exactement ?
La biocapacité, c’est un peu le « pouvoir » de la nature à se régénérer et à nous fournir les ressources dont nous avons besoin. C’est la capacité d’une zone donnée, comme une forêt, un océan ou une prairie, à produire des ressources renouvelables (comme le bois, les poissons ou les cultures) et à absorber les déchets que nous produisons, notamment le CO2. Cette capacité est influencée par de nombreux facteurs, tels que la qualité des sols, la biodiversité, les conditions climatiques, mais aussi par les activités humaines comme la déforestation, la pollution ou l’urbanisation. En somme, la biocapacité, c’est un peu le compte en banque de la nature, et il est essentiel de le gérer avec soin pour assurer notre avenir.
L’empreinte écologique : Comment se calcule-t-elle ?
L’empreinte écologique, c’est un peu notre « consommation » de la nature. Elle mesure la surface de terre et d’eau biologiquement productive dont nous avons besoin pour produire les ressources que nous consommons et absorber nos déchets. Pour la calculer, on prend en compte plusieurs éléments : la surface utilisée pour l’agriculture, l’élevage, la pêche, la forêt, les infrastructures et la production d’énergie. On estime ensuite la quantité de biocapacité nécessaire pour produire ces ressources et absorber les déchets correspondants. Plus notre empreinte écologique est élevée, plus nous sollicitons la nature et ses ressources.
Quelles sont les incertitudes liées à ce calcul et ses limites ?
Le calcul de l’empreinte écologique et de la biocapacité est complexe et comporte certaines limites. Tout d’abord, il est difficile d’évaluer avec précision la biocapacité de tous les écosystèmes de la planète, car les données peuvent manquer ou être incertaines. De plus, les méthodes de calcul évoluent constamment et peuvent donner des résultats légèrement différents selon les modèles utilisés. Enfin, l’empreinte écologique est une moyenne globale qui ne prend pas en compte les inégalités au sein des populations et les impacts locaux. Malgré ces limites, l’empreinte écologique reste un outil précieux pour mesurer notre pression sur la planète et orienter les politiques de développement durable.
Pourquoi cette date avance-t-elle chaque année ?
Le Jour du dépassement de la Terre, cette date symbolique où l’humanité a consommé toutes les ressources que notre planète peut renouveler en un an, avance chaque année pour des raisons multiples et inquiétantes. L’une des principales causes de ce phénomène est la croissance démographique.
Avec une population mondiale en constante augmentation, la demande en ressources naturelles ne cesse de croître. Chaque individu consomme de la nourriture, de l’eau, de l’énergie et des matériaux, et à mesure que la population augmente, la pression sur les ressources s’accentue. Cette augmentation de la demande entraîne une exploitation plus intensive des ressources, dépassant la capacité de la Terre à les renouveler naturellement.
Un autre facteur clé est notre modèle de consommation intensif. Dans de nombreuses sociétés, le mode de vie est basé sur une consommation excessive et souvent superflue. Le désir de posséder toujours plus de biens matériels, combiné à une culture de l’obsolescence programmée, conduit à une exploitation rapide des ressources. De plus, la production de biens de consommation engendre des déchets et des pollutions qui accentuent la pression sur les écosystèmes, réduisant leur capacité de régénération.
Enfin, le changement climatique joue également un rôle crucial dans l’avancement du Jour du dépassement de la Terre. Le réchauffement climatique, conséquence des émissions de gaz à effet de serre, perturbe les cycles naturels des écosystèmes. Il affecte les récoltes, réduit la disponibilité en eau douce et altère les habitats naturels, diminuant ainsi la capacité de la planète à absorber et renouveler les ressources. Ces perturbations exacerbent encore les défis auxquels nous faisons face pour vivre de manière durable sur cette planète.
Si l’on prend la conjonction de la croissance démographique, d’un modèle de consommation insoutenable et des effets dévastateurs du changement climatique, tout cela contribue à avancer chaque année la date du Jour du dépassement de la Terre. Ce constat souligne l’urgence d’adopter des modes de vie plus durables et de repenser notre relation avec la nature pour garantir un avenir viable pour les générations futures. La seule année ou le jour de dépassement avait diminué, l’avait été en 2020 pour cause de confinement, avec une réduction de 9,3 % de l’empreinte écologique de l’humanité et une date du « Jour du dépassement de la Terre » repoussée de plus de trois semaines par rapport à 2019.
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Le Jour du dépassement de la Terre varie d’un pays à l’autre
Le Jour du dépassement de la Terre varie sensiblement d’un pays à l’autre. Cette date est déterminée en fonction de la consommation de ressources et de l’empreinte écologique d’un pays par rapport à la biocapacité disponible sur Terre. Les pays avec des niveaux de consommation plus élevés et des modes de vie plus intensifs en ressources atteignent leur propre « jour du dépassement » bien avant ceux où la consommation est moindre. Les pays du Nord, en général, ont un Jour du dépassement très précoce, témoignant d’une consommation de ressources bien supérieure à la capacité de régénération de la planète.
Au contraire, les pays du sud ont souvent un Jour du dépassement plus tardif, mais leur empreinte écologique est en augmentation rapide avec la croissance économique. Les pays les moins développés subissent souvent les conséquences du changement climatique et de la dégradation environnementale bien qu’ils contribuent le moins à ces problèmes. Les pays avec un Jour du dépassement précoce exercent une pression disproportionnée sur les ressources naturelles de la planète.
Par exemple, des pays comme les États-Unis, le Canada ou les Émirats arabes unis, qui ont une consommation élevée de ressources par habitant, voient leur jour du dépassement arriver beaucoup plus tôt dans l’année que des pays avec une empreinte écologique plus faible, comme le Vietnam ou le Bangladesh. Cette différence s’explique par plusieurs facteurs, dont le niveau de développement économique, les habitudes de consommation, le mix énergétique (la part des énergies fossiles par rapport aux énergies renouvelables), et l’efficacité des systèmes de production et de distribution.
La variation des dates de dépassement entre les pays souligne l’inégalité dans la consommation des ressources naturelles et les responsabilités différenciées dans les impacts environnementaux. Les pays à forte empreinte écologique jouent un rôle majeur dans la surconsommation globale et, par conséquent, dans la pression exercée sur les ressources planétaires. Cela met en lumière la nécessité d’une approche globale et équitable pour la transition vers des modes de vie plus durables, où chaque pays, en fonction de ses capacités et de ses responsabilités, doit œuvrer pour réduire son impact écologique et aider à préserver les ressources pour les générations futures. Pour faire face à ce défi, il est indispensable de promouvoir une transition écologique équitable et de renforcer la coopération internationale.
Quelles sont les conséquences du dépassement ?
Les conséquences du Jour du dépassement de la Terre sont vastes et s’intensifient chaque année, affectant profondément notre environnement et nos sociétés. Ces conséquences du dépassement des ressources naturelles soulignent l’urgence de repenser notre modèle de développement et de consommation. La transition vers des pratiques plus durables est essentielle pour préserver l’équilibre des écosystèmes et assurer un avenir viable à notre planète.
Tout d’abord, l’épuisement des ressources naturelles est une conséquence directe et immédiate. Les forêts, les océans, et les sols fertiles sont exploités à un rythme bien supérieur à leur capacité de régénération. Cette surexploitation se traduit par une diminution alarmante des réserves de ressources essentielles, comme le bois, les poissons et les minéraux. À terme, cela menace la disponibilité de ces ressources pour les générations futures et remet en question la viabilité de notre mode de vie actuel.
La perte de biodiversité est une autre conséquence majeure. La destruction des habitats naturels, causée par la déforestation, l’urbanisation, et la pollution, met en danger un grand nombre d’espèces animales et végétales. La réduction de la biodiversité perturbe les écosystèmes, qui dépendent de la diversité des espèces pour fonctionner correctement. Cette perte réduit la résilience des écosystèmes face aux changements environnementaux, compromettant leur capacité à fournir des services essentiels comme la pollinisation des cultures, la purification de l’eau et la régulation du climat.
En parallèle, la dégradation des écosystèmes se manifeste de manière alarmante. Les écosystèmes terrestres et marins, affaiblis par l’exploitation excessive et la pollution, perdent leur capacité à maintenir les services écosystémiques nécessaires à la vie. La destruction des récifs coralliens, par exemple, prive de nombreuses communautés de leur principale source de nourriture et de revenus. De même, l’érosion des sols et la désertification limitent la production agricole, menaçant la sécurité alimentaire mondiale.
Enfin, le changement climatique est exacerbé par les émissions de gaz à effet de serre liées à nos activités. La combustion de combustibles fossiles, la déforestation et certaines pratiques agricoles contribuent à l’accumulation de ces gaz dans l’atmosphère, intensifiant le réchauffement climatique. Ce phénomène entraîne une série de conséquences dévastatrices, telles que la montée du niveau des mers, des événements météorologiques extrêmes, et des perturbations des cycles hydrologiques. Ces impacts ont des répercussions économiques et sociales majeures, en particulier pour les populations les plus vulnérables.
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Que faire pour inverser durablement la tendance ?
Pour inverser durablement la tendance préoccupante du Jour du dépassement de la Terre, une action concertée à tous les niveaux est nécessaire, impliquant des changements significatifs dans divers secteurs de notre société. Il est crucial de mettre en œuvre une série de changements structurels et comportementaux à travers la transition énergétique, l’agriculture durable, la consommation responsable, la mobilité durable et la protection de la biodiversité. Seule une approche intégrée et globale permettra de préserver notre planète pour les générations futures.
La transition énergétique est l’un des aspects cruciaux de cette transformation. Il est impératif de développer et de promouvoir les énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire, éolienne et hydroélectrique, afin de réduire notre dépendance aux énergies fossiles. Ces sources d’énergie propres permettent non seulement de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de garantir une sécurité énergétique à long terme. De plus, l’amélioration de l’efficacité énergétique dans les bâtiments, les transports et les industries peut contribuer à une consommation d’énergie plus rationnelle et respectueuse de l’environnement.
L’agriculture durable est également un pilier essentiel pour un avenir soutenable. L’adoption de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, telles que l’agroécologie, la permaculture et l’agriculture biologique, peut réduire l’usage des pesticides et des engrais chimiques, tout en préservant la biodiversité des sols et des écosystèmes environnants. Par ailleurs, la réduction du gaspillage alimentaire est cruciale ; environ un tiers de la nourriture produite dans le monde est perdue ou gaspillée. Des efforts pour mieux gérer les surplus, améliorer les chaînes de distribution et sensibiliser les consommateurs peuvent contribuer à diminuer cette perte.
Afin de garantir à tous un accès à l’eau, il est urgent de mettre en place une utilisation partagée et durable de la ressource. Ce qui passe par deux grands leviers qui sont la transition de l’agriculture vers l’agroécologie et surtout des solutions fondées sur la nature. Pour Yann Laurans, directeur de la biodiversité terrestre du WWF France : « Malgré les engagements pris par nos décideurs, les rencontres internationales et COPs qui se suivent, la date du jour du dépassement ne recule pas et nous continuons à creuser cette dette écologique. On sait que notre modèle agroalimentaire actuel est une cause majeure du jour du dépassement. Nous ne pouvons plus nous cacher et attendre que le jour du dépassement avance encore. Nous avons les solutions, notamment l’agroécologie, les solutions fondées sur la nature et la végétalisation de notre alimentation. Il est grand temps de les mettre en œuvre » !
En matière de consommation, il est essentiel de promouvoir une consommation responsable. Privilégier les produits locaux et de saison aide à réduire l’empreinte carbone liée au transport des marchandises et soutient les économies locales. De plus, adopter une attitude de consommation modérée, en achetant uniquement ce dont on a besoin et en choisissant des produits durables, peut significativement réduire notre impact écologique. La réparation et le recyclage des produits, au lieu de les jeter, contribuent également à diminuer la pression sur les ressources naturelles.
La mobilité durable constitue un autre domaine clé pour réduire notre empreinte écologique. Le développement et l’amélioration des transports en commun, combinés à des politiques favorisant l’utilisation de moyens de transport moins polluants comme le vélo et la marche à pied, sont des mesures essentielles. Ces initiatives non seulement réduisent les émissions de CO2, mais améliorent aussi la qualité de vie en ville en diminuant la congestion et la pollution de l’air.
Enfin, la protection de la biodiversité est cruciale pour maintenir des écosystèmes sains et résilients. La création d’aires protégées permet de conserver les habitats naturels et de protéger les espèces menacées. En parallèle, la restauration des écosystèmes dégradés, tels que les zones humides, les forêts et les récifs coralliens, contribue à rétablir les fonctions écologiques vitales. Ces actions renforcent la capacité des écosystèmes à fournir des services essentiels, comme la régulation du climat et la purification de l’eau.
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Agir ensemble pour un avenir durable !
Le Jour du dépassement de la Terre est un signal d’alarme qui nous rappelle l’urgence d’agir pour un avenir durable. Ce moment critique nous incite à prendre conscience de l’impact de nos modes de vie sur la planète et à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Chacun d’entre nous a le pouvoir de contribuer à cette transformation, que ce soit par des actions individuelles ou en s’engageant dans des initiatives collectives.
Adopter des gestes quotidiens plus responsables peut considérablement réduire notre empreinte écologique. Que ce soit en diminuant notre consommation d’énergie, en favorisant les transports en commun, ou en choisissant des produits locaux et durables, chaque action compte. Par exemple, opter pour une alimentation plus végétale et réduire le gaspillage alimentaire sont des moyens simples, mais efficaces de diminuer notre impact environnemental. En parallèle, il est essentiel de s’informer et de sensibiliser notre entourage aux enjeux environnementaux, pour encourager une prise de conscience collective.
Cependant, les actions individuelles ne suffiront pas à inverser la tendance à elles seules. Les décideurs politiques et économiques doivent jouer un rôle clé en mettant en place des politiques ambitieuses pour la transition écologique. Cela inclut la promotion des énergies renouvelables, le soutien à l’agriculture durable, et la mise en œuvre de régulations strictes pour protéger la biodiversité. Les entreprises, de leur côté, doivent s’engager à adopter des pratiques plus responsables et à minimiser leur impact environnemental. Un changement de modèle économique vers une économie circulaire, où les ressources sont utilisées de manière plus efficace et durable, est nécessaire.
Le moment est venu pour chacun de prendre part à cette transition vers un avenir plus durable. Il est crucial de se réveiller face aux défis environnementaux et de déployer les solutions nécessaires, chacun à son échelle. Qu’il s’agisse de simples changements dans nos habitudes quotidiennes ou de plaidoyer pour des politiques environnementales robustes, nous avons tous un rôle à jouer.
Pour mieux comprendre votre propre impact sur la planète et découvrir des moyens de le réduire, vous pouvez évaluer votre empreinte écologique sur le site « Footprintcalculator.org ». Cet outil permet de prendre conscience des domaines dans lesquels nous pouvons améliorer nos pratiques et ainsi contribuer à un avenir plus sain et durable pour tous.
( Temps de lecture : 12 minutes | L’illustration de notre article provient de Kathas_Fotos sur le site Internet Pixabay. Si l’image vous intéresse, vous pouvez faire un don sur le site avant de la télécharger )