Journée internationale de la bibliodiversité : une célébration de la diversité culturelle
Publié le samedi 21 septembre 2024 08h28
Nous sommes le samedi 21 septembre 2024 et c’est la Journée internationale de la bibliodiversité, un rendez-vous annuel pour les amoureux des livres et de la littérature, une célébration de la diversité culturelle. Face à une concentration mondiale de l’édition littéraire, la bibliodiversité se pose comme une réponse essentielle pour préserver la diversité des voix et des cultures. En France, 90 % du marché est contrôlé par trente grandes maisons, tandis qu’aux États-Unis, cinq groupes dominent 80 % des ventes. Cette standardisation favorise l’uniformisation des contenus, effaçant progressivement les spécificités locales. Pour terminer le petit tour du Bemac de ce début de week-end, nous fêtons aussi les Matthieu.
Qu’est-ce que la Journée internationale de la bibliodiversité ?
Chaque année, nous célébrons le 21 septembre la « Journée internationale de la bibliodiversité », une occasion unique de mettre en lumière la diversité des productions littéraires à travers le monde. Le terme « bibliodiversité », un néologisme inspiré de la biodiversité, se concentre sur la richesse des œuvres écrites et leur importance dans le monde de l’édition. Cette journée, bien plus qu’une simple commémoration, rappelle le rôle central des livres dans la transmission des cultures et des savoirs.
La bibliodiversité, c’est avant tout une reconnaissance de la « diversité des voix » et des perspectives présentes dans les œuvres littéraires. Qu’il s’agisse d’auteurs issus de différentes régions du monde ou de récits qui transcendent les frontières culturelles, chaque livre est une fenêtre ouverte sur une réalité unique. La préservation de cette richesse est essentielle pour garantir que toutes les voix, même celles qui sont souvent marginalisées, puissent être entendues et reconnues.
Publicité
Un réel enjeu pour l’édition indépendante
Cette journée met également en lumière l’importance de « l’édition indépendante », souvent garante de cette diversité culturelle. Face à la concentration des grands groupes éditoriaux, les petites maisons d’édition jouent un rôle clé en donnant une chance à des auteurs moins connus, mais dont les œuvres sont tout aussi précieuses. Elles permettent ainsi à une variété de récits de se frayer un chemin jusqu’aux lecteurs, diversifiant l’offre littéraire et évitant l’uniformisation du marché du livre.
D’ailleurs, elle ne concerne pas seulement le présent ou le passé, elle est aussi un enjeu pour l’avenir. Préserver cette diversité littéraire est crucial pour les générations futures, car la richesse de l’écrit permet de transmettre les valeurs, les idées et les identités de chaque époque. C’est un patrimoine culturel qu’il est impératif de protéger face aux défis du numérique et de la mondialisation, qui tendent parfois à privilégier des contenus uniformisés. Et l’essor de l’intelligence artificielle sonne comme un rappel à ce devoir de protection.
Une diversité culturelle appliquée au monde du livre
Le terme « bibliodiversité » trouve son origine au Chili dans les années 1990. C’est un groupe d’éditeurs chiliens, réunis pour créer le collectif « Editores independientes de Chile » (Éditeurs indépendants du Chili), qui a pour la première fois introduit la notion de « bibliodiversidad ». Face à la concentration des grandes maisons d’édition et à l’homogénéisation croissante des publications, ces éditeurs cherchaient à défendre une diversité de voix et de perspectives dans le domaine de la création littéraire.
En parlant de bibliodiversité, ils mettaient l’accent sur la nécessité de préserver et de promouvoir une pluralité d’œuvres et d’auteurs, en particulier ceux issus de petits éditeurs indépendants. Le terme, inspiré du concept de biodiversité dans le domaine du vivant, visait à souligner l’importance de la richesse et de la variété dans le paysage éditorial. C’est ainsi que la « bibliodiversité » est devenue un symbole de résistance face à la standardisation culturelle imposée par les grands groupes éditoriaux et un appel à valoriser les créations littéraires alternatives.
Une concentration éditoriale mondiale sans partage
Il faut dire que la concentration éditoriale est un phénomène global qui affecte tous les continents, influençant profondément le paysage littéraire et culturel, au détriment des créations littéraires alternatives. Dans de nombreux pays, une poignée de grandes maisons d’édition contrôle l’essentiel du marché du livre, réduisant la diversité des œuvres disponibles. Ce phénomène menace l’existence des petits éditeurs et restreint les choix offerts aux lecteurs, entraînant une uniformisation croissante des contenus publiés.
Le cas français : une industrie dominée par les géants
En France, la concentration du secteur éditorial est particulièrement marquée. Les trente plus grandes maisons d’édition détiennent environ 90 % du marché de l’édition. Cette domination par quelques groupes puissants pose des questions cruciales sur l’avenir de la diversité littéraire et culturelle. Les petites maisons d’édition, souvent plus audacieuses et prêtes à soutenir des auteurs émergents ou des voix alternatives, peinent à rivaliser avec ces mastodontes. Le risque est de voir les publications se standardiser, rentrer dans un moule commun, limitant ainsi la pluralité des styles.
Le modèle américain : une industrie littéraire verrouillée
Aux États-Unis, le phénomène est tout aussi inquiétant, avec cinq grands groupes éditoriaux qui contrôlent à eux seuls 80 % des ventes de livres. Cette mainmise sur l’édition a des répercussions directes sur la diversité des œuvres proposées, puisque les décisions éditoriales sont de plus en plus guidées par des considérations commerciales, souvent au détriment de la qualité et pluralité littéraire. Dans un tel contexte, il devient difficile pour des auteurs moins connus ou pour des œuvres traitant de sujets moins populaires de trouver un accès au grand public.
Publicité
Les défis des pays de l’hémisphère sud pour une véritable autonomie éditoriale
Les pays de l’hémisphère sud font face à des défis encore plus complexes. Dans de nombreuses régions, il n’existe pas de dispositif législatif solide pour protéger le livre et la lecture, ce qui laisse le champ libre à une situation de prédation. Les grands groupes éditoriaux internationaux profitent souvent de l’absence de politiques publiques favorables au développement de la création locale pour imposer leurs ouvrages. En l’absence de soutien institutionnel, les éditeurs locaux sont vulnérables et peinent à maintenir leur activité, accentuant une dépendance culturelle et économique envers le Nord. Cela crée un cercle vicieux où la bibliodiversité s’érode encore davantage, privant ces pays d’une véritable autonomie éditoriale.
Comme le souligne avec justesse Gilles Colleu, « à vouloir fabriquer des produits pour le plus grand nombre, on oublie et l’on gomme la notion de spécificité et d’identité culturelle ». Cette remarque met en lumière les dangers liés à l’uniformisation culturelle dans le monde de l’édition, notamment à travers la recherche d’universalité commerciale. En s’efforçant de produire des livres destinés à un public global, les éditeurs tendent à effacer les particularités locales et à minimiser les expressions culturelles distinctes. Et le lecteur ne semble pas être au courant de ce combat de David contre Goliath qui se déroule dans l’ombre de l’édition.
Ce phénomène d’internationalisation de l’édition, qui favorise les cultures dominantes, est particulièrement visible dans les pays de l’hémisphère sud. Les structures locales, souvent fragiles et dépourvues de soutien, sont submergées par l’influence des grands groupes éditoriaux occidentaux. Ces derniers imposent leurs propres normes et récits, marginalisant ainsi les productions littéraires locales. En conséquence, les identités culturelles spécifiques de ces pays sont mises à mal, et les récits issus des traditions locales peinent à émerger sur la scène internationale. Comme le rappelle Colleu, cette dynamique renforce inévitablement la position dominante des cultures occidentales, exacerbant l’inégalité culturelle entre le Nord et le Sud.
Préserver la bibliodiversité pour un futur littéraire riche
La préservation de la bibliodiversité est un enjeu crucial pour l’avenir de la littérature et de la culture à travers le monde. Face aux forces économiques qui tendent à uniformiser l’édition, il est essentiel de soutenir les éditeurs indépendants et de promouvoir une diversité d’œuvres et de voix. C’est une condition indispensable pour garantir l’expression des identités culturelles locales et offrir aux lecteurs une richesse littéraire variée. Loin de se limiter à un simple secteur commercial, l’édition joue un rôle fondamental dans la transmission des idées et des récits. Défendre la bibliodiversité, c’est en définitive défendre la pluralité du monde.
Ce samedi, les internautes sont invités à réfléchir à l’importance de préserver les différentes « cultures » et traditions à travers le livre. La diversité des productions littéraires est un reflet de la diversité des pensées humaines. En soutenant la création littéraire sous toutes ses formes, nous contribuons à construire un monde plus riche et ouvert aux échanges culturels. Les livres sont les garants de cette pluralité essentielle à la compréhension mutuelle et à la paix. Le 21 septembre est le jour du printemps dans l’hémisphère sud, l’occasion d’imaginer une action à mettre en faveur de la bibliodiversité, à commencer par celle de lire des auteurs qui n’ont sans doute pas pignon sur rue et de découvrir ou redécouvrir les petits éditeurs indépendants.
Ce week-end, au lieu d’ouvrir votre application de Smartphone, ouvrez un livre !
( Temps de lecture : 7 minutes | L’illustration de notre article provient de notre stagiaire Alex.I, avec une représentation personnelle d’un livre déchiré en deux, avec un côté coloré et diversifié symbolisant la richesse des voix littéraires, et un côté monochrome, évoquant la standardisation croissante dans l'édition )
chabot thierry
Passionné par les ordinateurs depuis son premier PC-1512, il est l'auteur principal des articles concernant Internet, les OS et les moteurs de recherches. Il répond souvent sur les forums avec le pseudonyme Cthierry pour proposer des solutions.